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par Richard Odier

Sarah Halimi.1

Ce n’est pas l’excès de confiance qui nous fait parler d’espoir, Tikva en hébreu, après le meurtre barbare de Sarah Halimi. Nous évoquons ce mot, car nous savons que seuls le combat et l’engagement permettent d’agir face à l’antisémitisme.

Contrairement au racisme, tout aussi ignoble, ce fléau est par nature génocidaire puisqu’il veut la disparition du Juif : soit de son corps (nazis ou islamistes), soit de son âme (Inquisition), soit de son culte (Antiochos IV, le roi grec). La présence d’un Juif est vécue par l’antisémite comme une sorte empêchement existentiel.

Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou – Albert Camus 

Le fléau antisémite, par nature génocidaire

Nous savons aussi, comme ne cessait de le répéter Simon Wiesenthal, que « ce qui commence avec les Juifs se poursuit avec les autres ». L’Autre est un jour l’esclave, la femme, telle ou telle minorité ; en tout état de cause le « mauvais » a toujours besoin d’un tiers dans lequel déverser sa haine.

« Celui qui désespère des événements est un lâche », écrit Albert Camus dans ses Carnets, mais « celui qui espère en la condition humaine est un fou. » L’acharnement contre Sarah nous oblige à nous battre contre la lâcheté et la folie.

Lutter contre une tumeur qui ne cesse de se réinventer

Notre espoir n’est pas mort

Od lo avdah tikvatenu… Notre espoir n’est donc pas mort, dit l’hymne national israélien, car à la haine antisémite, loin de tout abandon, les Juifs opposent l’optimisme de la vie et une détermination chaque fois redoublée à lutter contre la tumeur de l’antisémitisme que ne cesse de se réinventer.

Les engagements et le martyre de Sarah Hamili nous obligent à rester combatifs et à garantir à nos enfants le meilleur avenir possible, dans la paix et la sécurité.

Dans le cas de Sarah Halimi, le crime antisémite nous horrifie d’autant plus qu’il trouva son prolongement dans une justice qui n’a pas su être juste. Ni la police ni les tribunaux n’ont été à la hauteur dans cette affaire. Si, dans ses Codes, la République s’est dotée des moyens juridiques pour lutter contre la judéophobie, elle ne peut s’exonérer de son obligation de résultat : en l’occurrence, protéger les Juifs français quand ils sont une cible, que ce soit dans leur vie collective ou privée.

Richard Odier est le directeur général du Fonds social juif unifié (FSJU) et le président du Centre Simon Wiesenthal - Europe.