Imprimer

Éditorial de Shimon Samuels publié en anglais dans The Times of Israel
le 9 septembre 2021
https://blogs.timesofisrael.com/2015-paris-terror-attacks-a-jewish-perspective/

Pour le 20e Sommet mondial sur la lutte contre le terrorisme

Le terrorisme arabe sur le sol français s’était principalement concentré sur des cibles juives, en particulier depuis l’attentat de la synagogue Copernic, en octobre 1980.

Copernic préfigurait 73 fusillades et attentats à la bombe contre des Juifs à travers l’Europe occidentale, dont 29 en France. Cette série de violences s’est achevée en août 1982 avec l’attentat contre le restaurant Goldenberg, dans le quartier juif de Paris, qui a également coïncidé avec le retour soudain des terroristes européens des camps d’entraînement de l’OLP au Sud-Liban, fuyant une incursion israélienne pour mettre fin au terrorisme transfrontalier.

En France, le Premier ministre de l’époque, Raymond Barre, avait qualifié Copernic comme « un attentat odieux qui voulait frapper les Israélites et qui a frappé des Français innocents ». Sur les quatre victimes cependant, trois étaient des étrangers, et un seul était un « Français innocent ».

Le ministre belge de la Justice avait surenchéri en prétendant qu’il ne pouvait pas placer des forces de police devant toutes les portes juives.

De retour chez eux, les terroristes en mal d’argent ont élargi leurs objectifs en s’en prenant à des banques et à des ambassades, tandis que le gouvernement français, à l’aide du plan Vigipirate, organisait la répression.

Pendant une courte période, les citoyens de confession juive n’étaient plus des cibles privilégiées. Le regretté Simon Wiesenthal considérait les Juifs comme un signe avant-coureur, qu’il appelait « le canari dans la mine de charbon ». Puis il ajoutait : « Ce qui commence avec les Juifs ne finit jamais avec eux. »

Soutenons que, sans Charlie Hebdo – qui a fait déplacer à Paris cinquante chefs d’État et descendre dans la rue des millions de manifestants –, l’attaque du supermarché Hyper Cacher par le même gang aurait été reléguée dans les oubliettes de l’Histoire de la litanie du terrorisme antisémite. De l’école juive de Toulouse à la pire déchéance de la jurisprudence française – le voisin de Sarah Halimi qui l’a assassinée et jetée du haut de son balcon aux cris de Allahou Akbar a été déclaré pénalement irresponsable car ayant agi « sous l’influence de stupéfiants ».

Bref, dans la soirée du vendredi 13 novembre 2015, des attaques coordonnées contre divers lieux parisiens ont été revendiquées par l’organisation État islamique.

Devant le Stade de France à Saint-Denis, dans la salle de concerts du Bataclan et sur les terrasses de cafés et de restaurants avoisinantes, les assassins ont agi aveuglément, faisant 130 morts et plus de 400 blessés. Ils étaient venus pour tuer, peu importe qui, bien qu’ils aient crié en tuant à bout portant, d’après des enregistrements : « Tiens espèce de sale Juif ! »

Dans l’esprit de Raymond Barre, des commentaires tels que « Les terroristes sont venus pour les Juifs, pas pour des Français innocents » ont fusé. De même, des théoriciens du complot ont accusé les Juifs d’avoir orchestré l’attentat du 11 Septembre.

Les terroristes du Bataclan, pour la plupart français ou belges d’origine moyen-orientale ou nord-africaine, avaient été recrutés par l’État islamique et entraînés en Syrie.

Le procès de vingt suspects et complices se déroulera du 8 septembre 2021 au 25 mai 2022. Neuf mois durant, 145 audiences sont prévues, qui seront filmées mais seulement déclassifiées après cinquante ans. La salle d’audience accueillera trois mille personnes. Le jugement sera rendu par cinq juges plutôt que par un jury.

Le Centre Wiesenthal en présentera les faits saillants au fur et à mesure qu’ils se produiront.

Shimon Samuels est le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal. Il a occupé les fonctions de directeur adjoint de l’Institut Leonard Davis sur les relations internationales de l’Université hébraïque de Jérusalem, directeur européen de la Ligue antidiffamation et directeur israélien de l’American Jewish Committee. Il est né au Royaume-Uni où il a fait ses études, ainsi qu’en Israël, aux États-Unis et au Japon.