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« Les appels à la campagne BDS visent peut-être à faire oublier les plus de 800 000 Juifs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) qui ont fui les pogroms perpétrés d’Irak à la Libye et qui n’ont jamais été indemnisés. »

Paris, le 2 janvier 2022 

Dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, saluait l’exposition « Juifs d’Orient », actuellement en cours à l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris. L’IMA est une fondation française en partenariat avec les vingt-deux États membres de la Ligue arabe. C’est toutefois le contribuable français qui fournit l’intégralité de son budget.

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L’exposition « Juifs d’Orient » à l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris ; opération Tapis volant :
des réfugiés juifs yéménites arrivant à l’aéroport Lod, en Israël, le 1er octobre 1949 (photo Teddy
Brauner, avec l’aimable autorisation du bureau de presse du gouvernement israélien, Jérusalem).

Dans l’esprit des accords d’Abraham, cette exposition met en lumière les siècles de relations et d’échanges culturels qui ont eu lieu entre juifs et musulmans dans le monde arabe, au travers d’une riche sélection d’objets, photographies et vidéos. Elle fait suite à de récentes expositions sur « Hajj, le pèlerinage à La Mecque » et « Chrétiens d’Orient. Deux mille ans d’histoire ». C’est donc aujourd’hui sur les Juifs d’Orient que l’IMA tourne son regard.

L’IMA subit maintenant des attaques, provenant principalement d’« intellectuels » arabes. Objet de la controverse : exposer des objets provenant du Musée d’Israël et afficher des « signes explicites de normalisation avec un État colonial d’apartheid ». Il s’agit bel et bien d’un leurre pour camoufler la campagne BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), qui rappelle celle de l’Allemagne nazie « N’achetez pas chez les Juifs » (Kauft nicht bei Juden). La campagne BDS est illégale au regard du droit français.

M. Samuels suggérait que « la pétition en cours est peut-être aussi un subterfuge pour ignorer le fait que plus de 800 000 Juifs de la région MENA ont fui les pogroms perpétrés dans les pays arabes lors de la création de l’État d’Israël. Ces réfugiés n’ont jamais été indemnisés pour la perte de leurs maisons, entreprises, synagogues, écoles... ». Il citait en référence le livre de Lyn Julius, Uprooted: How 3000 Years of Jewish Civilization in the Arab World Vanished Overnight (« Déracinés : Comment 3 000 ans de civilisation juive dans le monde arabe ont disparu du jour au lendemain »).

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Tableau comparatif de la population juive dans les pays arabes en 1948 et en 2016 (source :
Harif, Association des Juifs de la région MENA).

La plupart de ces Juifs « orientaux » ont quitté l’Algérie qui venait d’acquérir son indépendance, l’Irak, la Libye, la Syrie, le Yémen et autres pays arabes pour trouver refuge dans leur patrie ancestrale, Israël. D’autres sont partis en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine. Ces 800 000 expatriés ont été rapidement absorbés et ils font partie intégrante de leurs sociétés respectives. Parallèlement, 660 000 Palestiniens avaient quitté le nouvel État juif lorsqu’une coalition d’armées arabes a attaqué Israël à maintes reprises. Ils ont dès lors obtenu le statut de « réfugiés » bien que, entre 1948 et 1967, la plupart d’entre eux aient résidé sur « le sol palestinien » – la Cisjordanie occupée par la Jordanie et Gaza sous le contrôle sévère de l’Égypte. Beaucoup de leurs descendants sont encore maintenus sous ce statut dans les pays voisins « d’accueil ».

En fait, il s’agissait d’un échange de populations, tel qu’il s’est produit entre l’Inde et le Pakistan, ou entre la Turquie et la Grèce.

L’exposition « Juifs d’Orient » se tiendra jusqu’au 13 mars 2022. Elle attire un public nombreux et enthousiaste, juif, musulman et autre. Au cours des trente dernières années, notre Centre a attiré l’attention sur des expositions de l’IMA entachées d’éléments antisémites... Aujourd’hui, nous saluons cet événement.

« Nous vous prions instamment, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, ainsi que Monsieur Jack Lang, président de l’IMA, de rester fermes et de veiller à ce que cette exposition culturelle s’affranchisse de querelles politiques. En outre, vous pourriez envisager de la présenter ensuite dans le monde arabe ?», concluait Shimon Samuels.

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« Ma cause était la justice, non la vengeance. Mon travail est pour un lendemain meilleur et un avenir plus sûr pour nos enfants et nos petits-enfants. » (Simon Wiesenthal, 1908-2005)