Imprimer

Paris, le 15 décembre 2022

Le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, se disait écœuré par le contenu d’une conférence qui s’est tenue en anglais à l’université de Sciences politiques de Menton le 8 décembre dernier, intitulée « The Plundering of Palestine, Between Biblical Archaeology and Biblical Myths » (« Le pillage de la Palestine, entre archéologie biblique et récits de mythes bibliques). Le conférencier invité, Ahmed El Dabash, est un activiste propalestinien et un chercheur autoproclamé en histoire ancienne. La conférence a apparemment été organisée par le club étudiant « Sciences Palestine », bien qu’aucune trace de l’événement n’ait pu être trouvée sur le site du campus de Menton, et ce club n’apparaît pas non plus sur la liste de l’université.

15 December 2022
De gauche à droite : l’invitation à la conférence avec El Dabash ; son dernier livre ; l’orateur
en question (observez la caricature BDS à l’écran). Photos BNVCA

L’ouvrage le plus récent d’El Dabash, Palestine: From Here Emerged Civilization: From the Paleolithic to the Chalcolithic Age (« La Palestine : d’ici a jailli la civilisation depuis le paléolithique à l’âge chalcolithique »), est une mascarade sur « l’usurpation de la Palestine par la propagande sioniste ». Prétendant présenter « la véritable histoire de Jérusalem », El Dabash « déconstruit le récit de la Torah » en plagiant mot pour mot la thèse de sa principale source, l’historien Keith W. Whitelam, défenseur d’une vision minimaliste de la Bible (auteur de À la redécouverte de la Palestine et de L’invention de l’Israël antique : le bâillonnement de l’histoire palestinienne).
Voir (en anglais) : https://www.amazon.com/Palestine-Emerged-Civilization-Paleolithic-Chalcolithic-ebook/dp/B091SJPH7R
(Le site fournit un bref résumé qui donne le ton, mais aussi l’accès à la table des matières, à la préface et à une bibliographie partielle. La dédicace du livre se lit comme suit : « Pour les corps des martyrs captifs dans la morgue de l’ennemi ».)

D’autres livres et auteurs énumérés dans la bibliographie sont clairement biaisés : Zionism and Violence, vol. 2, d’Abdel Wahab El Messiri (Dar El Shourouk, Le Caire) ; Holy Crime: Genocide: from Ideology of the Hebrew Bible to the Zionist Project, par Issam Sakhnini (Centre arabe de recherche et d’études politiques, Beyrouth).

Parmi les autres références plus savantes dans la bibliographie d’El Dabash se trouve l’historien et sévère critique de la politique étrangère américaine, Lawrence Davidson. Celui-ci serait membre du conseil d’administration de la Campagne américaine pour le boycott académique et culturel d’Israël.

Plus discréditant est l’éditeur original de l’ouvrage d’Ahmed El Dabash, Dar Safahat. « Tout au long de nos deux décennies de surveillance des salons du livre arabes, déclarait M. Samuels, le Centre Wiesenthal a constaté que Dar Safahat était souvent répertorié comme opérant à partir des Émirats arabes unis, mais son indicatif téléphonique +963 révèle que son véritable siège se trouve à Damas, en Syrie. »

Citons au nombre des livres les plus infâmes de Dar Safahat exposés dans les salons du livre passés :
- La grande imposture : les Juifs sont-ils vraiment le peuple élu ? par Muhammad Jamal Tahhan ;
- Comment les Juifs ont fabriqué l’Holocauste (une version arabe agrémentée de L’industrie de l’Holocauste de Norman Finkelstein) ;
- En défense du djihad (version arabe - aucune photo disponible) par Archie Augustine, auteur sud-africain signalé comme néo-nazi.

Bien que publiée à l’origine en Syrie en 2017, l’édition anglaise (2021) de l’ouvrage d’El Dabash mentionné ci-dessus, qui dénie les racines historiques d’Israël, semble avoir été publiée par le Centre d’études pour l’unité arabe (Centre for Arab Unity Studies - CAUS), au Liban. Ce centre a été créé à la suite de la guerre des Six Jours, en 1967 – pour « revitaliser le mouvement panarabe alors moribond... libre de tout lien avec tout gouvernement, loin de la politique partisane... [mais] avec l’unification politique [du monde arabe]... comme son point culminant ultime » – c’est-à-dire, plus ou moins, le programme des Frères musulmans !
Voir (en anglais) : https://www.jstor.org/stable/23063711

Le philosophe et psychanalyste français Daniel Sibony a commenté la conférence : « Cette conférence qui veut prouver qu’il n’y a pas eu de peuple juif en Palestine il y a vingt siècles est importante […] elle contredit le témoignage des Évangiles […] Mais elle contredit aussi le Coran […] Il faut que l’orateur et sa cause soient désespérés. »

« J’ajouterais que son déni du lien juif ancestral avec Israël – un fait historique prouvé par des découvertes archéologiques et des narratifs cohérents – est une tentative maladroite d’éteindre la trinité constante du judaïsme : le Peuple, le Livre et la Terre », concluait Shimon Samuels.

* * *

Pour plus d’informations, contactez Shimon Samuels à csweurope@gmail.com

Article disponible en PDF