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« Cette année, le Salon a agi a l’égard de notre liste noire des exposants délinquants et confisqué des livres offensants. »

« En 2016, il sera possible d'atteindre la tolérance zéro de la haine à condition de prendre les mesures appropriées auprès des stands gouvernementaux, en particulier le Qatar… Cet État s'est vu décerner le prix du Pire Délinquant 2015 de notre Centre… Le deuxième prix revient à l’Égypte. »

Francfort, le 28 octobre 2015

Pour la 13e année consécutive, le Centre Simon Wiesenthal demeure la seule Organisation non gouvernementale à surveiller les incitations à la haine et à la violence sur les stands du Salon du livre de Francfort (SLF). Il s'agit de la plus grande Salon du monde dans le domaine des livres, avec 7 100 exposants venus de plus de 100 pays, qui accueille quelque 2 700 visiteurs.

« En quoi cette édition 2015 diffère-t-elle des autres ? – Parce que les responsables du Salon plus sensibilisés cette année, ont pris des mesures sans précédent », a estimé Shimon Samuels, directeur des Relations internationales du Centre.

En août, M. Samuels soumettait aux autorités du SLF une liste de 56 éditeurs délinquants que le Centre avait décelés aux Salons de Casablanca, Doha, Muscat, Ryadh et Abu Dhabi dont 20 égyptiens, 19 syriens/libanais, 9 jordaniens/palestiniens, 5 saoudiens, 2 koweïtiens, 1 marocain et 1 éditeur arabe implanté au Royaume-Uni. Tous ceux-ci étaient responsables d'un total de 251 titres antisémites.

Pourtant, aucun d'entre eux ne figurait dans le catalogue 2015 – bien que certains récidivistes aient toujours été présents par le passé. Deux éditeurs ont pourtant réussi à s'infiltrer sur les stands collectifs de l’Égypte. et du Liban.

À la veille de l'inauguration 2015, les autorités ont fait main basse sur tous les stands du Salon: 18 titres à l'antisémitisme flagrant ont été confisqués au motif de violation de l'engagement contractuel des exposants contre l'incitation à la haine ou à la violence.

M. Samuels a constaté « la disparition d'un grand classique du récidivisme, In Hidden Corners: Revealing Secrets of the Jews (Dans les recoins cachés : révélations sur les secrets des Juifs), publié par The Egyptian National Library and Archives (Dar Al -Kuteb) en 2014.
(VOIR PHOTO N° 1 DU PHOTO-MONTAGE)

« Cet ouvrage se fondait sur Jews and Opportunists: Judaism in Egypt and Syria (Juifs et opportunistes : le judaïsme en Égypte et en Syrie), par Georges Corneilhan, paru en 1889, traduit du français à l'arabe par Naguib Al- Hajj en 1893. Il a été présenté au salon du livre du Koweït en 2014 et à celui du Caire en 2015. Mais il n'apparaissait plus à Francfort...

« Notre réseau de surveillance nous a permis de dépister les sept titres ci-dessous qui avaient échappé à la vigilance du Salon », précisait M. Samuels.

Stand collectif de l’Égypte (Hall 5.1 D150) :

- The Israeli Two Seas Canal – the Conspiracy of the Century (Le canal des deux mers,-   Le complot du siècle), par Jamal Yusef Abdelhamid, publié par GEBO, Le Caire, qui explique que le projet de canal qui doit relier la mer Rouge à la mer Morte est un complot visant à la domination d'Israël sur le Moyen Orient.
(VOIR PHOTO N° 2 DU PHOTO-MONTAGE)

- Beheading is Judaism (La décapitation, c'est le judaïsme), par Saad Attia Al-Mutawa, sur les formes de châtiment juives.
(VOIR PHOTO N° 3 DU PHOTO-MONTAGE)

Al Ahram (Hall 5.1 A 147) :

- Foreign support to Israel (Les soutiens étrangers d'Israël), par Ahmed Al - Said Al-Najjar, illustré en couverture par une étoile de David sur des billets de dollars, répétant le stéréotype des Juifs et de l'argent.

- The Hieroglyphic Torah (La Torah hiéroglyphique), par Fuad Hassanien Ali, prétend que la Torah a une origine pharaonique car elle a été d'abord écrite en hiéroglyphes et non en hébreu.
(VOIR PHOTO N° 4 DU PHOTO-MONTAGE)

Stand collectif de la Turquie (Hall 5.0 C137) :

- Israeli Intelligence GAP Southeastern Scenario (Les services de renseignements israéliens déjoués du scénario sud-oriental). Des lobbyistes fanatiques juifs guidés par la Torah, des entreprises et des Juifs turcs complotant pour repousser les frontières d'Israël de l'Euphrate à la Méditerranée sont découverts par les services de renseignements turcs.
(VOIR PHOTO N° 5 DU PHOTO-MONTAGE)

À la suite du rapport effectué par le Centre en 2010 et de l'intervention allemande à Ankara, l'Association des éditeurs turcs avait instauré un système de codes-barres imprimés sur des autocollants argentés, apposés sur leurs stands et garantissant que ceux-ci ne propageaient pas la haine. Ce système a fonctionné pendant quatre ans. Malheureusement, ce record est maintenant brisé, au vu de la chape antisémite dévoilée ci-dessus qui affiche pourtant toujours ce fameux sceau de contrôle.

Stand officiel du gouvernement du Qatar (Hall 5.1 E153) :

- The Strategic Israeli Mind (L'esprit de stratège israélien), par Saleh Al-Naimi, expliquant comment les instituts de recherche israéliens et leurs groupes de réflexion ont sapé les printemps arabes.

- The Dripping Veins of Jerusalem (Les veines sanglantes de Jérusalem), par Munir Akash et Fuad Moughrabi, Jusser, Doha, 2010. M. Samuels a souligné que, « malgré nos constantes protestations, le Qatar continue de présenter ce livre pour la quatrième année consécutive. Le lien qui unit les Juifs à Jérusalem est présenté comme un complot pour renier l'identité palestinienne autochtone.
(VOIR PHOTO N° 6 DU PHOTO-MONTAGE)

Gaza (Hall 3.1 K133), présenté sous le couvert de Just World Books, Charlottesville, Virginie, États-Unis :

- Gaza Unsilenced (Gaza débâillonné), Refaat Alareer et Laila El-Haddad éditeurs.Ce stand, qui n'apparaît nulle part dans le catalogue de la Foire – autrement présente que la cuisine de Gaza Kitchen » (« Cuisine de Gaza »), – ne présentait qu'un seul livre, sur la guerre de Gaza de 2014, semblant faire l'éloge du Hamas.
(VOIR PHOTO N° 7 DU PHOTO-MONTAGE)

Iran (tous ses 15 stands, dont un collectif du gouvernement, étaient fermés) :

Salman Rushdie, menacé de mort par Khomeini et auteur des Versets sataniques, avait été invité au Salon en tant que conférencier d'honneur. Francfort avait refusé de céder à la pression iranienne. C'est pourquoi Téhéran avait donné l'ordre à tous ses exposants de déserter leurs stands, pour protester contre « cette insulte à l'islam ». L'immense stand central était décoré d'affiches proclamant : « La liberté d'expression ne permet pas de diffamer la religion. »
(VOIR PHOTO N° 8 DU PHOTO-MONTAGE)

M. Samuels a entamé une conversation avec le directeur de projet du gouvernement iranien, qui lui a répondu avec défi : « Vous  appelé notre négationnisme de la Shoah un crime. Nous considérons que toute offense à l'islam est bien pire. »

Un auteur allemand a fait le commentaire suivant : « Dix points pour Rushdie, zéro pour les ayatollahs. » « – Le fait que les stands iraniens soient fermés a sans doute diminué le nombre d'ouvrages antisémites exposés de moitié », a répondu M. Samuels.

Le Centre a félicité le président du Salon, Juergen Boos, déclarant : « Il apparaît clairement que nos rapports annuels et nos appels à le Salon, pour qu'elle soit vigilante portent maintenant leurs fruits : les exposants délinquants sont montrés du doigt sur une liste noire et les textes offensants sont confisqués des stands des éditeurs privés. » Le Centre Simon Wiesenthal,poursuivait en ces termes : « La tolérance zéro de la haine pourra être atteinte en 2016 à condition de prendre des mesures contre le Qatar et d'autres stands gouvernementaux. »

M. Samuels rappelait que « dans notre rapport de l'année dernière, nous avions mis en garde les enseignants djihadistes allemands ou autres qui emmènent leurs étudiants à la Foire, en quête de lectures subversives, au risque d'entraîner de graves conséquences. Cette année, j'ai été témoin d'une scène semblable, dans le Hall 5.1. Or il ne faut pas que le Salon du livre de Francfort donne lieu à ce genre de vile incitation à recruter pour le djihad. »

« Le Pire Délinquant 2015 du Centre Wiesenthal est décerné au Qatar. Le deuxième prix revient à l’Égypte. », a-t-il annoncé.