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« Loin d’être une question futile, l’utilisation de la symbolique nazie est politiquement motivée. La banalisation de l’Holocauste existe depuis des décennies, mais elle sert aujourd’hui d’outil pernicieux à l’antisémitisme. »

Paris, le 23 juillet 2021

Dans une lettre adressée à Julian de Grahl, PDG de Spreadshirt – un groupe international d’impression rapide de textiles basé à Leipzig, en Allemagne –, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, lui signifiait « être scandalisé à la vue d’un tee-shirt Spreadshirt arborant l’étoile jaune, assimilant ainsi les ‘‘antivax’’ manifestant cette semaine aux victimes juives des nazis ».

Comble du cynisme, la date d’arrivée des tee-shirts sur le marché semble être les 16 et 17 juillet – dates de la commémoration de l’arrestation de 13 152 Juifs, parqués au Vel d’Hiv en 1942 pour être déportés de Paris à Auschwitz, y compris 4 115 enfants. Moins de cent adultes en sont revenus.

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La page du site spreadshirt.net, avant sa suppression.

La lettre se poursuivait en ces termes : « Vous avez certainement conscience que la banalisation de l’Holocauste est illégale en Allemagne et qu’elle est considérée comme une forme d’antisémitisme... Nous saluons votre retrait tardif de ce produit de votre site et de votre chaîne de production. Néanmoins, ce n’est pas la première fois que Spreadshirt et d’autres entreprises d’impression rapide ont été abusées de la sorte. Un cas similaire chez Spreadshirt a été dénoncé en mai, tandis qu’en décembre 2020, notre Centre a signalé Vova Online pour ses sweatshirts à capuche à l’effigie d’Hitler. »

Le Centre Wiesenthal se dit prêt à collaborer avec Spreadshirt pour identifier de telles commandes, les refuser et assurer le suivi nécessaire... Cette entreprise a en effet reçu d’autres échantillons d’autocollants scandaleux qui risquent d’être imprimés sur des tee-shirts.

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Seringues de vaccination en forme de croix gammée et gardes d’Auschwitz tenant des seringues
en guise de fusils (source : BNVCA).

M. Samuels alertait sur le fait que, « loin d’être une question futile, l’utilisation de la symbolique nazie est politiquement motivée… La banalisation de l’Holocauste existe depuis des décennies, mais elle sert aujourd’hui d’outil pernicieux à l’antisémitisme ».

La lettre priait instamment Spreadshirt « d’adopter la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste), avalisée par l’Union européenne, ses États membres, des ONG, des clubs sportifs et des entreprises. C’est un guide pour mieux comprendre les paramètres et la promotion de la haine et de la violence ciblant les Juifs ».

« En outre, le fait d’inclure une référence à la définition de l’IHRA sur votre site dissuaderait efficacement d’éventuels semeurs de haine d’utiliser Spreadshirt comme vecteur de discrimination », concluait Shimon Samuels.

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« La combinaison de haine et de technologie est le plus grand danger qui menace l’humanité. » (Simon Wiesenthal, 1908-2005)